<div dir="ltr"><div>Buongiorno</div><div>giro questo testo, 2012, molto interessante su un "patto di non-lettura" nella produzioen scientifica attuale:<br></div><div>
Les plagiats universitaires sont révélateurs d'un phénomène très 
actuel : de plus en plus de textes sont écrits pour n'être jamais lus. <br></div><div>Buona lettura</div><div>eg<br></div><div><br><div class="gmail_quote"><div dir="ltr" class="gmail_attr">---------- Forwarded message ---------<br>Da: <b class="gmail_sendername" dir="auto">Marin Dacos</b> <span dir="auto"><<a href="mailto:marin.dacos@openedition.org">marin.dacos@openedition.org</a>></span><br></div><div dir="ltr"><div dir="ltr"><div style="font-family:arial,helvetica,sans-serif"></div><div style="font-family:arial,helvetica,sans-serif"><div class="m_3786818195183364722gmail-article__heading"> <h1 class="m_3786818195183364722gmail-article__title">Plagiat universitaire : le pacte de non-lecture</h1>  <p class="m_3786818195183364722gmail-article__desc">
  Les plagiats universitaires sont révélateurs d'un phénomène très 
actuel : de plus en plus de textes sont écrits pour n'être jamais lus. </p>  </div> <p class="m_3786818195183364722gmail-meta m_3786818195183364722gmail-meta__publisher">    <span class="m_3786818195183364722gmail-meta__author"> Par    Peter Sloterdijk </span>   <span class="m_3786818195183364722gmail-meta__date">Publié le 28 janvier 2012 à 14h47 - Mis à jour le 02 avril 2012 à 14h19</span> </p>  <p class="m_3786818195183364722gmail-meta__reading-time"> <span class="m_3786818195183364722gmail-icon__reading-time"></span> <span class="m_3786818195183364722gmail-sr-only"></span></p>    <img src="https://img.lemde.fr/2010/05/20/79/0/512/256/688/0/60/0/ill_1360715_5f38_000_par957281.jpg" alt="Philosophe de renommée internationale, né en 1947, Peter Sloterdijk est recteur de l'université de Karlsruhe, en Allemagne." class="m_3786818195183364722gmail-initial m_3786818195183364722gmail-loading">    Philosophe
 de renommée internationale, né en 1947, Peter Sloterdijk est recteur de
 l'université de Karlsruhe, en Allemagne. AFP/BERTHOLD STADLER             <p class="m_3786818195183364722gmail-article__paragraph">Ce
 n'est pas trahir un secret que de constater que l'université moderne 
est, d'une manière générale et depuis longtemps, confrontée à un 
problème de sérieux - pour employer un terme prudent. Le scandale de 
Bayreuth <i>(l'ex-ministre de la défense Karl-Theodor zu Guttenberg accusé de plagiat dans sa thèse de doctorat, en février 2011)</i>
 a fait tout au plus émerger un segment minuscule d'une confusion dont 
nul, ou presque, ne peut évaluer de manière réaliste la dimension 
historique et systémique.</p>          <p class="m_3786818195183364722gmail-article__paragraph">On serait tenté de remonter jusqu'à la catastrophe originelle du XX<sup>e</sup>
 siècle et de mener des recherches sur le rôle des sciences 
nationalisées pendant la Grande Guerre. Ce que l'on découvrirait ainsi ?
 D'innombrables éléments témoignant de l'innocence perdue des facultés, 
dans les sciences de la nature tout autant que dans les sciences 
humaines. On pourrait à la rigueur concevoir les interventions 
philosophiques du Cercle de Vienne comme une tentative d'introduire une 
situation d'heure zéro qui concernerait aussi l'épistémologie, afin de 
soumettre tout discours scientifique futur à un programme hygiénique. De
 telles interventions ne portèrent guère de fruits sur le sol 
européen...</p>          <p class="m_3786818195183364722gmail-article__paragraph">Il faudrait être
 très naïf pour supposer que les étudiants et les enseignants 
d'aujourd'hui ont cessé, en franchissant le seuil d'une université, 
d'être les enfants de leur époque. L'espace universitaire ne peut 
simplement s'immuniser contre cela. C'est l'une des subtilités du 
langage de l'enseignement supérieur allemand : il caractérise sans 
détour le récolement des prestations certifiées au fil de ses études 
comme une acquisition fictive - ce en quoi il faut reconnaître une 
indication précieuse sur le plan terminologique dans la mesure où l'on 
ne peut pas démontrer qu'il existe une différence essentielle entre une 
compétence authentique et une vaste simulation de la même compétence.</p>          <p class="m_3786818195183364722gmail-article__paragraph">On
 pourrait l'illustrer par quelques exemples bien connus de faux médecins
 qui, pendant des années, ont effectué de manière quotidienne et avec 
succès les opérations les plus difficiles, jusqu'à ce qu'il s'avère, un 
jour, qu'ils n'étaient pas qualifiés pour le faire.</p>          <p class="m_3786818195183364722gmail-article__paragraph">Pour
 appréhender la différence spécifique entre le plagiat universitaire et 
tous les autres cas de mépris de la "propriété intellectuelle", il faut 
tenir compte de la spécificité inimitable des procédures académiques. Vu
 de l'extérieur, le monde universitaire fait l'effet d'un biotope 
spécialisé dans la production de "textes" le plus souvent bizarres et 
totalement éloignés du populaire. Ils vont des rapports de séminaire et 
devoirs semestriels aux thèses et mémoires d'habilitation, en passant 
par les mémoires de diplôme ou de maîtrise et aux devoirs de partiels, 
sans parler des expertises, des projets de recherches, des mémorandums, 
des projets de structure et de développement, etc. : autant de végétaux 
textuels qui s'épanouissent exclusivement dans le microclimat de l'<i>Academia</i>
 - comparables à ces plantes rampantes des hautes Alpes qui survivent à 
des altitudes où les arbres ne poussent plus - et qui, en règle 
générale, ne supportent pas une transplantation dans les plaines plates 
et dégagées de la vie éditoriale.</p>          <p class="m_3786818195183364722gmail-article__paragraph">Le
 plagiat universitaire se déroule par conséquent le plus souvent dans 
des conditions où les motifs qui interviennent d'habitude dans le 
non-respect de la propriété intellectuelle, le fait souvent évoqué de se
 parer avec les plumes des autres, ne peuvent guère jouer de rôle. Alors
 qu'en terrain dégagé les plumes d'autrui sont censées améliorer 
l'attractivité de celui qui les porte et augmenter sa "fitness 
érotique", pour employer le jargon des biologistes, les plumes des 
autres, en milieu universitaire, servent plutôt à se camoufler et à 
plonger dans l'ordinaire. Elles aident le porteur des plumes à passer 
inaperçu dans le flux régulier des masses de textes.</p>          <p class="m_3786818195183364722gmail-article__paragraph">Le
 philosophe Michel Foucault a résumé cette situation dès le début des 
années 1970 en introduisant le mot "discours" dans l'autodescription des
 productions textuelles universitaires. Ce qu'il nomme le "discours" 
n'est que le texte sans auteur, le discours spécialisé comme 
institution. Cette interprétation des routines discursives 
universitaires, et, plus généralement, institutionnelles, nous ouvre la 
voie non tibétaine vers le principe du moulin à prières. Celui qui ne 
veut pas parler de discours ferait donc mieux de ne rien dire à propos 
des plagiats.</p>          <p class="m_3786818195183364722gmail-article__paragraph">La dissolution
 du plagiat dans le discours ne suffit pas à comprendre de manière 
exhaustive la singularité du plagiat universitaire. Dans ce cas précis 
intervient en supplément un facteur tout à fait idiosyncratique pour la 
compréhension duquel le mieux serait d'avoir recours à la recherche 
littéraire. Avec son livre <i>L'Acte de lecture : théorie de l'effet esthétique</i>
 (éd. Mardaga, 1985) en 1972, Wolfgang Iser, l'éminent représentant 
d'une école de Constance devenue historique, s'il n'a pas révolutionné 
sa discipline et les humanités en général, les a du moins fait avancer 
d'un grand en démontrant que l'on peut faire apparaître dans chaque 
texte une complicité intime entre l'auteur et le lecteur hypothétique - 
une liaison activée par la lecture.</p>          <p class="m_3786818195183364722gmail-article__paragraph">Lire
 signifie par conséquent éveiller à la vie des structures d'appel 
inhérentes au texte et s'adonner au jeu de l'interpellation, de 
l'interprétation anticipée, de la tromperie, du refus et de la 
récupération. Tout texte élaboré constitue une entité composée de signes
 guidant la réception, que le lecteur met en scène de manière à la fois 
volontaire et involontaire, pour autant qu'il lit réellement.</p>          <p class="m_3786818195183364722gmail-article__paragraph">Dans
 la perspective de la situation universitaire, les analyses subtiles des
 esthéticiens de la réception font l'effet de réminiscences d'un très 
lointain Age d'or de la lecture où chaque texte était presque encore un 
"billet doux". Aucun universitaire ne le niera : il est temps de 
compléter la théorie du lecteur implicite par celle du non-lecteur 
implicite. On devrait avoir à peu près rendu compte de la situation en 
partant de l'idée qu'entre 98 % et 99 % de toutes les productions de 
textes issues de l'université sont rédigées dans l'attente, si justifiée
 ou injustifiée soit-elle, d'une non-lecture partielle ou totale de ces 
textes. Il serait illusoire de croire que cela pourrait rester sans 
effet sur l'éthique de l'auteur.</p>          <p class="m_3786818195183364722gmail-article__paragraph">Pour
 les membres d'une culture qui, en toute chose, leur apprend à suivre et
 à ne pas suivre la règle, il en découle une conséquence obligatoire, la
 nécessité de donner au non-lecteur ce qui lui revient. On s'adresse 
paradoxalement au non-lecteur implicite en lui adressant des gestes de 
rejet, et ce non-lecteur est inhérent au texte, en tant que celui qui, 
de toute façon, n'ira pas y voir.</p>          <p class="m_3786818195183364722gmail-article__paragraph">Lorsqu'on
 écrit sans espoir de réception, on a en outre et malgré soi tendance à 
intégrer dans sa propre production des passages qui n'en font pas partie
 et sont prédestinés à alimenter la variante académique de la 
non-lecture dans la mesure où ils ont été vérifiés à l'avance par des 
lectures qui ont peut-être déjà eu lieu ailleurs. Le royaume des ombres 
de l'université génère ainsi un monde textuel de deuxième ordre dans 
lequel des cadets réellement non lus maintiennent dans le circuit des 
aînés virtuellement non lus.</p>          <p class="m_3786818195183364722gmail-article__paragraph">Dans
 ce système, la lecture réelle inattendue mène à la catastrophe. 
L'intéressant, ici, est le fait que ce que l'on appelle la lecture 
réelle ne peut avoir lieu, compte tenu des monstrueuses avalanches que 
constituent les productions universitaires écrites. Aujourd'hui, seules 
les machines à lire digitales et les programmes de recherche spécialisés
 sont en mesure de tenir le rôle de délégués du lecteur authentique et 
d'entrer en conversation ou en non-conversation avec un texte. Le 
lecteur humain - appelons-le le professeur - est en revanche défaillant.
 C'est aussi et précisément en tant qu'homme de l'université que le 
spécialiste est depuis longtemps condamné à être plus un non-lecteur 
qu'un lecteur.</p>          <p class="m_3786818195183364722gmail-article__paragraph">La 
conséquence pratique de tout cela ne peut être que la réduction des 
incitations systémiques à produire du texte sur le mode de l'imposture. 
La meilleure manière d'y parvenir est de rappeler avec insistance aux 
auteurs pratiquement non lus des textes aujourd'hui et demain immanents à
 l'université l'existence des gardiens digitaux des bonnes moeurs qui, 
pratiquant la lecture automatique, décèlent la différence entre plagiats
 et citations.</p>          <p class="m_3786818195183364722gmail-article__paragraph">On 
commettrait une faute en légalisant les citations non spécifiées, comme 
le réclament certains tenants du romantisme de la piraterie 
universitaire. La culture de la citation est la dernière ligne sur 
laquelle l'université défend son identité. Même si elle peut être mise 
au défi par une nouvelle vague de subjectivités d'imposteur, qui se 
drapent dans le digital, l'ironie et l'esprit de piraterie ; aux 
nouveaux joueurs qui font leurs plaisanteries en jouant sur la règle du 
minimum de travail sérieux, il faut faire comprendre où se situe la 
limite. La culture avance sur ces petites pattes que sont les 
guillemets. Le guillemet, c'est la politesse du pirate.</p>          <p class="m_3786818195183364722gmail-article__paragraph">Nous
 devons menacer jusqu'au bout les textes écrits pour le non-lecteur 
implicite d'être exposés à la lecture réelle, quitte à courir le risque 
que les auteurs-pirates d'aujourd'hui nous tiennent pour les imposteurs 
d'hier qui brandissent la menace de quelque chose dont ils ne peuvent 
assurer la mise en oeuvre.</p>          <p class="m_3786818195183364722gmail-article__paragraph">On devrait apposer à l'entrée de toutes les facultés l'écriteau <i>Cave lectorem ! - </i>pour
 les non-latinistes : "Attention, lecteur méchant !". Avec cette mise en
 garde pourrait peut-être commencer ce que les bien intentionnés 
appellent le travail à une nouvelle éthique du comportement 
scientifique.</p>          <p class="m_3786818195183364722gmail-article__paragraph"><i>Traduit de l'allemand par Olivier Mannoni</i></p>           <div class="m_3786818195183364722gmail-multimedia-embed m_3786818195183364722gmail-snippet"><hr></div>          <p class="m_3786818195183364722gmail-article__paragraph">Philosophe
 né en 1947, il est recteur de l'université de Karlsruhe. Depuis sa 
"Critique de la raison cynique" (1987), il n'a cessé de mêler des 
réflexions métaphysiques et politiques. Son dernier ouvrage traduit en 
français est "Repenser l'impôt. Pour une éthique du don démocratique" 
(Libella/Maren Sell, à paraître le 9 février 2012). Le texte ci-dessous 
est extrait d'un discours prononcé en novembre à l'université de 
Bayreuth, lors d'une conférence consacrée à l'éthique scientifique et à 
la propriété intellectuelle</p>            <p class="m_3786818195183364722gmail-article__author-container"> <span class="m_3786818195183364722gmail-author__detail">  <span class="m_3786818195183364722gmail-author__name">Peter Sloterdijk</span>   </span></p> </div><div style="font-family:arial,helvetica,sans-serif"><br clear="all"></div><br></div></div>
</div><br clear="all"><br>-- <br><div dir="ltr" class="gmail_signature" data-smartmail="gmail_signature"><div dir="ltr"><div><div dir="ltr"><div><div dir="ltr"><div><div dir="ltr"><div><div dir="ltr"><div><div dir="ltr"><div><div dir="ltr"><div><div dir="ltr"><div><div dir="ltr"><div><div dir="ltr"><div><div dir="ltr"><div><span style="color:rgb(102,102,102)">dr. Elena Giglia<span style="font-family:arial,helvetica,sans-serif"><br>Unità di progetto Open Access<br>Direzione Ricerca e Terza Missione<br>Universita' degli Studi di Torino<br>tel. +39.011.670<b>.4191</b></span><br></span></div><div><span style="color:rgb(102,102,102)">Skype: egiglia<br></span></div><span style="color:rgb(102,102,102)"><a href="http://www.oa.unito.it" target="_blank">www.oa.unito.it </a><br></span></div><div dir="ltr"><span style="color:rgb(102,102,102)"><br></span></div><div><span style="color:rgb(102,102,102)"><b>NOAD OpenAIRE Italy</b></span></div><div><span style="color:rgb(102,102,102)"><a href="https://www.openaire.eu/" target="_blank">https://www.openaire.eu/</a></span></div><div><span style="color:rgb(102,102,102)"><a href="mailto:noad-it@openaire.eu" rel="noreferrer" target="_blank">noad-it@openaire.eu</a></span></div><div><span style="color:rgb(103,78,167)"></span><br></div></div></div></div></div></div></div></div></div></div></div></div></div></div></div></div></div></div></div></div></div></div></div></div>